Anglais-Français « courant »: malentendus linguistiques

On croit souvent qu’il suffit de parler « la même langue » pour prévenir les problèmes interculturels. Encore faut-il garder en tête qu’il y a 1000 façons de s’exprimer dans une même langue, surtout quand ce n’est pas sa langue maternelle.

Au sein de la plupart des groupes mondialisés français, l’anglais est devenu la lingua franca officielle de collaborateurs appartenant à des dizaines de nationalités différentes. Quelle que soit sa nationalité, chacun s’exprime  « couramment » dans la langue de Shakespeare et de Woody Allen. Mais est-ce vraiment la même ?

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Chacun ayant ses propres habitudes anglophones, des malentendus surgissent ,  suscitant  tensions et agacements au détour de quelque échange d’e-mails.

Deux exemples réels de petits malentendus linguistiques survenus entre Américains et Français.

  • Why don’t you … ? 
  • Dommage que…

On croit souvent à tort qu’il suffit de parler la même langue pour prévenir les problèmes interculturels. Encore faut-il garder en tête qu’il y a 1000 façons de s’exprimer dans une même langue.

Les deux anecdotes évoquées ci-dessous, sont issues de groupes français du CAC 40 ultra – multiculturels , où bien sûr  tout le monde est  » bilingue » anglais.

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Exemple 1 :  Why don’t you …. ? 

Une responsable de communication événementielle envoie un email de relance à un  collègue californien,  car elle a besoin de connaître son choix quant à une certaine date de réservation. Préfère t-il le choix X ou Y ? La situation commence à devenir urgente.

Le collègue américain lui répond très cordialement : Why don’t you book X ?

En américain, c’est une manière colloquiale naturelle  d’exprimer son choix . On aurait aussi pu lire  » What about booking X »  ,   » Please go ahead with X » ,  » We prefer X » , etc.

Le collègue s’étant exprimé trop vite, il a omis de compléter sa réponse par une confirmation affirmative.   » X is OK for us  »

Le hic, c’est qu’en français, « Why dont you … »  se traduit de façon assez brutale par  » Pourquoi ne réserves-tu pas X ?  » , induisant un reproche sous-jacent : n’était -il pas évident qu’il fallait réserver X ?

Dans les faits, la responsable française, déjà débordée par ses délais de planning,  fut fort irritée par le toupet de cet Américain qui non seulement répondait très en retard, mais en plus  lui reprochait implicitement de ne pas avoir pris l’initiative de choisir X. Probablement même qu’il avait omis de répondre pendant toutes ces semaines parce qu’il estimait évident qu’elle devait prendre  l’option X …

Elle répliqua de façon relativement « corsée » à son collègue américain…. qui ne comprit point la raison pour laquelle sa collègue française prenait ainsi la mouche.

Heureusement, qu’un autre collègue américain fut en mesure de dissiper cette petite crise linguistique. S’il n’avait pas été là, les relations entre les deux collègues auraient pu durablement en pâtir.

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Même dans les grands groupes internationaux français, la langue de Molière se glisse encore dans certaines correspondances internes. D’ailleurs, les collaborateurs impatriés comprennent rapidement que se former aux arcanes du français est critique pour leur « évolution au sein de l’organisation ».

Ils ont bien remarqué que le français reste la langue du pouvoir dans ces grands groupes tricolores où les réunions commencent en anglais avec des supports en anglais, mais où l’on  » switche » rapidement en français pour les « sous-titres » entre initiés.

C’est alors qu’un autre type de malentendu linguistique , dans le sens inverse cette fois, peut se produire.

Exemple 2 : Dommage que…

Les Français utilisent très régulièrement l’expression «  dommage que » . C’est une façon jugée moins directe d’exprimer une suggestion ou une remarque. Dans la plupart des contextes, cette construction est justement employée de façon à éviter de blâmer le destinataire.

D’où son usage répandu dans les correspondances internes françaises.

Il est donc courant de lire des emails du genre :   » Ton communiqué de presse est très bien. Dommage que la photo soit … « .

Ce qui peut paraître relativement neutre pour un Français , peut en revanche être vécu comme un reproche presque humiliant du point de vue d’un Américain.

En effet, en anglais, « dommage » se traduit par  » that’s a pity » ou pire «  that’s a shame » .  L’expression comporte une forte connotation de regret teintée de blâme.

Dès lors,  ce qui était une observation ou une remarque pour un Français peut se trouver ressenti par un Américain comme une insulte à son professionnalisme, a fortiori quand ledit message vient de son propre manager:  « comment as-tu donc pu rater cette bonne idée (qui tombait sous le sens) ? « .

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Quand ces échanges se passent par email ou whatsapp,  le malentendu s’exprime de façon encore plus aiguë.

Comment prévenir ce genre de malentendus linguistiques au travail ? 

Conseil nr 1 – Employer un langage standard

Eviter les expressions trop « langage parlé » ou trop imagées tend à  prévenir ce type de malentendus. Le locuteur dont c’est la langue maternelle doit se rappeler que si le destinataire semble s’exprimer de façon « courante », il est loin de maîtriser toutes les subtilités et les régionalismes de la langue.

Quitte à passer pour robotique, un langage formel standard voire scolaire  a moins de chances de surprendre défavorablement.

Garder les fioritures pour les collègues de langue maternelle qui les maîtrisent….et encore, on est « parfois » surpris !

Conseil nr 2 – Clarifier de vive voix

Plutôt que de partir au quart de tour , et de « shooter » en retour , mieux vaut prendre son téléphone ou  » passer une tête »…pour poser la question de vive vois.

Un petit coup de fil vaut mieux qu’un Scud.

Solliciter des éclaircissements (de façon posée ) reste  la meilleure solution pour désamorcer clashes et  malentendus.

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Française d’origine chinoise, Laurence Kam-Thong  intervient auprès de cadres, dirigeants, étudiants, entrepreneurs des 5 continents , les formant et les conseillant pour une meilleure collaboration avec les cultures chinoises et françaises dont elle connaît bien les régionalismes et les subtilités socio-culturelles.

Formatrice, coach, rédactrice, scénariste,et consultante,  Laurence accompagne aussi ses clients en personal branding,  relation client, communication écrite et verbale , brand content et mobilité professionnelle.  

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